Ombre et Brûme

Aïsomasu rentra dans le temple. Le lieux était magnifique, même dépravé comme il l'était. Ses belles fresques, ses magnifiques statues, tout était resté dans un état presque parfait. Il aimait réellement se trouver dans ce lieu et s'y rendait souvent, même si la plus part du temps, les ninjas du village se retrouvaient ici pour s'entraîner ensemble dans de monumentales joutes . Mais aujourd'hui, étrangement, les ninja étaient absents. Aucune âme ne vivant dans les parages. Il semblait que Neliel avait trouvée un moyen de les faire refluer de cet endroit pour la journée. En effet, Aïsomasu s'était rendu sur ce lieux dans l'objectif de rencontrer Sa Maîtresse pour deux raisons extrêmement importantes. Aujourd'hui, comme il l'avait déjà dis plus tôt dans la matinée, serait un grand jour pour Le Clan. Il serait entraîné personnellement au maniement d'un des sept sabre de Kiri,l'une des plus puissante arme existante, le symbole de la confiance du Mizukage! Mais le moment n'était pas a la réflexion mais a l'attente.

A genoux sur le toit du temple, Aïsomasu regardait l'horizon. Le soleil diminuait peu a peu dans la fraîcheur du soir, faisant jouer ses rayons dans la brume environnante. Le vent claquait dans les feuillages, laissant au passage des coursives une plainte éthérée. Les mouvements de la foule créait un brouhaha incessant qui montait depuis la basse ville en suivant l'allée principale. Depuis sa position, le ninja avait une vue panoramique d'une rare beauté et pouvait voir les multiples détails du village en pleine effervescence. Il aimait se trouver là. C'était l'un des rares endroit ou il sentait comme chez lui. C'était l'un des rare endroit ou il pouvait penser a ceux qui étaient morts sans pleurer. D'ailleurs en ce moment, il pensait a ses soeurs, son frère, son père, sa mère... et tous les autre qui avaient été tués durant l'assaut du Clan près de soixante ans avant. Soixante années qu'il avait passé a se perfectionner, a accroître sa puissance, a maîtriser les autre... soixante années durant les quelles il n'avait pas prit une seule ride...

Mais a cet instant...

Au-delà de la haie, un jardin de bassins ornementaux à l'abandon. La hauteur de la haie et des arbres voisins, tout juste devenus des formes noires et pointues sur un fond de ciel rose, arrêtait ce qu'il restait encore de lumière directe du jour. La pénombre qui régnait était presque vaporeuse. Le jardin s'était autrefois composé de plaques rectangulaires de marbres, disposées comme des dalles gigantesques autour d'une série de plans d'eau carrés, ou les nénuphars et des fleurs aquatiques colorées s'étaient épanouis, nourris par quelque source ou fontaine. De fragiles adiantes émaciés et des arbres pleureurs entouraient ces piscines. Durant la prise du pouvoir de Neliel, des techniques et des projectiles avaient arrosé la zone, abattant des arbres, fracassant un grand nombre des plaques. Beaucoup d'entre elles, restées intactes, avaient toutefois été descellées, et plusieurs des bassins avaient gagné en largeur et en profondeur en empiétant sur les cratères. Mais la source cachée avait continué d'irriguer l'endroit, rempli les trous, et fait déborder l'eau entre les blocs délogés. C'est pourquoi le jardin était à présent une immense flaque plate et frémissante, sur laquelle des branches entremêlées, des racines brisées et des fragments de pierre asymétriques composaient des archipels miniatures. Certaine des plaques intactes, de deux mètres de long et épaisses de cinquante centimètres, avaient été réarrangées, non au hasard par les explosions, mais disposées pour former des passages au milieu des bassins, une longue jetée de pierre enfoncée, presque à niveau de leur surface. Neliel s'avança sur cette chaussée et se mit à la suivre. Dans l'air à l'odeur humide s'entendaient les claquements de langue des amphibiens et le bourdonnement des mouches. Des fleurs d'eau dérivaient des deux côtés de son chemin. Leurs teintes délicates se perdaient dans la venue de la nuit. Neliel n'avait pas peur. Elle avait été entrainée pour ne pas la ressentir, mais elle constata en elle une trépidation, une nervosité faisant battre son coeur. Elle se savait sur le point de franchir un cap dans sa vie, et espérait que, derrière ce cap, la fortune lui sourirait. Elle lui paraissait juste que sa carrière fût sur le point de franchir une étape importante ; son monde son existence avaient dernièrement beaucoup changé, avec l'ascension de son subalterne. Il n'était que justice que lui aussi dût changer avec elle. Connaître une nouvelle phase. Un nouvel âge.
Elle s'arrêta, regarda les étoiles qui commençaient à s'allumer dans le ciel empourpré. Un nouvel âge, mais un nouvel âge glorieux. Comme elle, ses ninjas se tenait sur un seuil, prête à faire ce pas en avant qui la ferait accéder à la grandeur. Elle s'était enfoncée loin dans l'étendue du jardin de bassins, au-delà des lumières de la grande citée de Kiri. Le soleil avait disparu. Des ombres bleues l'entouraient. Le chemin de plaques posées dans l'eau s'interrompit. Devant elle miroitait le reste d'un bassin. De l'autre côté de trente mètres d'eau calme, un petit bosquet d'arbres pleureurs s'élevait comme sur un atoll. Elle se demanda si elle devait attendre. Alors un papillotement de lumière passa parmi les arbres, une flamme jaune qui s'éteignit aussi vite qu'elle lui était apparue. Neliel quitta la chaussée et mit les deux pieds dans l'eau ; celle-ci lui arriva au tibia. Des ondulations d'un noir prononcé s'étendirent sur l'eau réfléchissante. Elle commença à patauger vers l'îlot, en espérant que ses pas n'allaient pas rencontrer la profondeur inattendue d'un cratère submergé, et prêter une dimension comique malvenue à ce moment solennel. Elle atteignit le bac de terre et patienta sur les hauts-fonds, en levant les yeux vers le feuillage emmêlé des arbres. Aïsomasu était là.

~Donne-moi ton nom~ Prononça Neliel d'une voix sortie des ténèbres.
~Aïsomasu Shizaïmu est mon nom.~
~Quel est ton honneur ?~
~Ninja d'élite de Kiri~
~Et qui est ton maître juré?~
~La Mizukage.~

Le silence s'ensuivit, troublé par le clapotis de grenouilles et les bruissements d'insectes dans les fourrés inondés. La voix se remit à parler. Deux mots.

~Eclairons-le.~

Il y eut un bref grincement métallique, celui d'un cache de lanterne ouvert, et la lumière de la même flamme jaune brilla. Neliel se tenait devant lui, elle portait sa tunique blanche dont les courbures capturaient la lueur dansante.

~Je certifies que cet individu est ce qu'il prétend être.~ La déclaration paraissait saugrenue, car elle le connaissait bien. Mais elle faisait partie du cérémoniel.
~Eclairons-le davantage.~

Neliel s'éloigna pour ouvrir les caches d'une dizaines d'autres lanternes suspendues aux rameaux environnants. Quand elle eut fini, une lumière d'or les baignait.

~Ce n'est qu'un rite, tu as été recommandé pour cette place, et proposé par d'autres hommes de valeur. Peu sont tes égaux à la guerre, Aïsomasu. Mes yeux étaient sur toi, et tu as justifié mon intérêt. Une première leçon, au sein du conseil des Seigneurs Ninjas, nous sommes tous égaux. Devant les hommes, tu pourras parler de moi en m'appelant " Mizukage ", mais entre nous, pas de cérémonie. Je suis Neliel. Les règles de notre fraternité sont simples, et nous nous y conformons, mais ce qui sera attendu de toi n'est pas écrit. Prépare-toi à devoir passer plus de temps avec l'état-major, et à collaborer directement avec moi. Deuxième leçon. Ecoute ton coeur, il y aura de nouveaux devoirs et de nouvelles obligations, parfois spéciales...Des escortes, des cérémonies, des missions diplomatiques, des réunions. Te sens tu encore confiant ?~

~Je reste confiant.~

~Alors je peux t'accepter, du moins théoriquement.~

Neliel passa à côté d'Aïsomasu et s'éloigna à l'opposé de la lumière des lampes, en troublant l'eau du bassin. Ils ne bougèrent plus jusqu'à ce que les ondulations eussent cessé. Lentement, la surface redevint lisse comme un miroir. Le reflet de la lune ascendante frémissait entre eux.

~Je tiens à ce que cet instant soit mémorable pour toi, Aïsomasu. Je pense qu'il est important de donner une certaine dimension cérémonielle. Tu es sur le point de t'engager envers moi. De prêter un serment aussi important que tous les serments que tu as pu prêter. D'homme à homme. Un serment très précis et tout à fait profane, et non un pacte occulte, mais un serment de fraternité. Nous nous tenons ensemble sous la lumière de la Lune, et nous allons donner une parole dont seule la mort nous délivrera.
Perdus dans la gloire, pleuré par le conseil. Seule la mort met fin au devoir.~

La mort était le seul avenir auquel un ninja de Kiri pouvait s'attendre. Une mort violente. Ca n'était pas une possibilité, mais un fait inéluctable. Au service du village, chacun d'eaux finirait par sacrifier sa vie.

~Prête tu serment ?~

Il ne s'était jamais sentis aussi proche de La Dame qu'en ce jour. Ce cérémonial, ce lieu, toute ces choses a cet instant précis créait un cadre prompt a inspirer confiance mais dont le but était de qualifier le nouveau rang du Ninja de Kiri. En effet,ce lieu n'avait pas été choisi au hasard. Touché, voir ravagé, par la guerre, il était le symbole de ce que devrait être, et ceux qu'aurait toujours dû être un ninja. C'était un lieu calme, paisible, le symbole de la paix. Mais les nombreuses crevasses et les cratères disséminés de ci, de là, montraient les ravages du temps sur l'esprit comme sur le corps. Le lieu n'était plus là dans l'objectif de prier, mais dans l'objectif d'apprendre a tuer. Le temps avait changé sa fonction, son esprit... son âme... L'eau qui y coulait était elle même issue d'une source "cachée". En effet, rare étaient ceux qui connaissaient la vérité. Rare étaient ceux qui savaient que Le Clan avait été bâti autour de la source du Yin. La source du Mal. Le Yin, symbolisait de nombreuses choses qu'Aîsomasu avait retranscrit dans son être. Pour un Bonze, voir Aïsomasu aurait été comme voir le mal en personne... En effet, chaque élément symbolisé par le Yin était acquis par le Shinobi.

-Le Noir était la couleur de ses habils de ninja.
-Le Sombre / l'Ombre était son domaine de prédilection, d'ou ses techniques ainsi que la création d'une Maison du Clan souterraine.
-La Nuit était le moment ou il se sentait le plus a l'aise, il était un noctambule.
-La Lune était le symbole de sa Déesse, Kagura, ainsi que son meilleur allier dans les ténèbres. Nul ombre sans lumière.
-L'Hivers symbolisait la froideur de son cœur et la neutralité de son âme.
-La Femme... il avait toujours adoré les femmes... ses soeurs... Neliel... lui même était d'une souplesse, d'une agilité et d'une grâce impropre a l'homme.
-Le Vide, absence de réaction, Aïsomasu regardait la mort en face et n'y réagissait pas, ni peur, ni haine, ni rien... vide d'émotions...
-L'Introversion nécessaire a tout assassin Shizaïmu. Garder ses secrets, garder sa vie aussi secrète que possible...

Il vivait dans le Yin, il ressentait le Yin. que ce soit dans l'eau qui stagnait autour de lui, dans les arbres qui drainaient ce liquide, dans les fleurs, les herbes, le sol, les pierres... Il voyait tant de puissance autour de lui, tant d'énergie. Et l'une de ces sources était la femme qui se tenait face a lui, son Mizukage, Sa Maîtresse, Neliel... Il ressentait la puissance abominable de celle qui, d'esclave, était passé Maître. Certains aurait put dire qu'elle était devenue Kage a la place du Kage. Elle avait maîtrisé les hommes, elle avait vaincu les puissants, elle avait fait table rase sur un ordre pour en créer un nouveau. Bien sur, Aïsomasu avait tenté de l'en empêcher a l'époque. Il avait éliminé nombre de ses lieutenants, il l'avait trahie, il avait tenté tout ce qu'il avait put pour lui barrer la route, mais ce jours là, le nombre avait fait son office. Il avait échoué a protéger son Kage et l'avait vue remplacé par un nouveau, plus strict, plus discipliné, plus autoritaire. Il s'était alors incliné devant Elle. Il avait été le premier a le faire. Le Kage avait changé, son allégeance aussi. Le Clan se devait de servir et protéger le Mizukage, tel une garde d'élite, un service d'espionnage personnel, une force spéciale a ses seuls ordres. Aïsomasu en était le Maître, et quand il décidait, chacun se devait d'obéir au sein du Clan. Ainsi, tous avaient jurés allégeance a La Dame. Il l'avait de suite aimée, même si il avait dû la combattre.

Aujourd'hui, il faisait ce qu'il avait toujours eu ENVIE de faire.

-Moi, Aïsomasu Shizaïmu, Maître du Clan des Assassins Shizaïmu et Ninja d'élite de Kiri no Satô, par le sang de ma Famille, face a Mes Ancêtres et Mes Successeurs, je jure Allégeance et Obéissance a la Fraternité, au Conseil des Ninja et par dessus tout, a La Dame, La Maîtresse et Mizukage Neliel Tu Odeschwank.

Il s'inclina alors puis tendit sa main droite, paume ouverte, vers la jeune femme. Faisant passer son index gauche au centre, il créa une plaie qui se mit instantanément à saigner. Serrant le poing il le garda ainsi le temps que trois gouttes vermeille viennent tacher le sol. A cet instant, le sang s'arrêta de couler alors que le poing était nimbé, l'espace d'une seconde, d'une lueur noir comme la nuit.

Le pacte était scellé.
Pour la Fraternité.
Pour La Dame
Pour Le Clan

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Le Clan est ma Vie
Ma vie est au Clan
Je vie par le Clan
Et mourrai pour le Clan

-Précepte premier du Clan Shizaïmu
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PS: j'espère que tu as prit ton pieds durant l'allégence et que tu trouve que c'est mieux en terme de longueur XD

» L'ombre et l'iceberg [PV: Shikenji Nara]