Nid douillet des Siamois

Une cabane perdue au fin fond de la forêt. Un salon, une cuisine, une terrasse et deux chambres. Voici le nid douillet des Siamois et de leurs compagnons à fourrure.

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Une jeune femme aux allures félines se posa sur la petite terrasse de sa petite maison. Une jeune femme au teint de porcelaine, à la chevelure ébène et aux lèvres roses, on aurait dit une geisha. Un visage fin et doux, respirant la sérénité, des yeux profonds, des cheveux soyeux et lisses comme la plus précieuse des étoffes où une fleur venait s’y loger comme un papillon sur le pistil d’une fleur. Des mains délicates mais pleines de ressources se perdaient dans cette cascade sombre. Une silhouette aux courbes sculpturales, élancée et aux lignes féminines prononcées sans pour autant la rendre obèse, était recouverte par un somptueux kimono aux teintes jade et cerisier, le kimono préféré de sa génitrice. La soie était agréable à toucher, comme une caresse sur la peau de bébé de la jeune femme. Un obi au graphisme complexe vint épouser la taille de cette « geisha », mettant en valeur ses formes. Elle soupira en regardant le ciel gris envahi par des nuages gris acier. Cette femme au regard félin était Nekozawa Reiko, fugitive du clan. Un jeune homme apparut, fixant la jeune femme de ses yeux clairs. Il ne ressemblait pas physiquement à Reiko mais leur patrimoine génétique n’en était pas moins similaire. Elle avait la pâleur de la lune, lui la chaleur du soleil. Il avait les cheveux gris-bleu, elle une chevelure de jais. Elle représentait le Yin, il représentait le Yang. Deux êtres complémentaires et opposés mais que tout rapprochait, pour former une parfaite harmonie. Cet homme était Nekozawa Rikyu, son frère jumeau.

« Rikyu, j’aimerais te parler de quelque chose… "

Elle fit signe à son frère et lui dit tout ce qu’elle avait sur le cœur.

«Tu vois, il faut que j’en finisse avec Razner… Une amie m’a tout dit et confirme que c’est un vrai coureur de jupons et un menteur, elle aussi s’est laissée abuser par ses paroles comme je l’ai fait avant. Je ne peux pas me permettre de le laisser impuni Rikyu… Je dois agir et vite… Avant qu’il fasse encore souffrir d’autres personnes et que je puisse l’oublier. Penses-tu que la mort peut-être une solution ?»

*Est-ce légitime de vouloir la mort de quelqu’un même si cette personne nous a fait du mal ?*

Oui Reiko discutait de ce qu’elle envisageait de faire concernant son ex qui l’avait salement lâchée et humiliée. Ce qu’il avait fait à de nombreuses femmes dont Nekozawa Reiko était impardonnable sentimentalement parlant. Il serait peu rationnel de se laisser emporter ainsi mais vous savez bien que rien ne peut arrêter la jeune Nekozawa, déterminée à tirer une croix définitivement sur cet individu abject. Celui qui l’avait aimé mais aussi bafoué et manqué de respect. Inutile de dire que la rupture n’était pas sans conséquences. La jeune femme lui raconta tout ce qu’elle savait grâce à son amie : il traînait à outrance avec un grand nombre de femmes, c’était un menteur, un lâche, un couard, un beau parleur… Razner passait le plus clair de son temps avec une kunoichi de Kiri, plus de temps qu’il n’en passait avec Reiko, ce qui avait fini par la rendre furieuse. Puis pendant qu’elle était anéantie par la rupture, lui faisait des avances à son amie dans son dos en toute impunité. Autant dire que la confrontation était musclée, mentalement j’entends. Pourtant, elle avait essayé de rester en bons termes avec lui en oubliant sa peine et son amour perdu. Depuis qu’elle avait appris la vérité, autant dire que la perte n’était pas énorme. Mais Reiko gardait au fond d’elle une rancœur et une haine qui ne demandait qu’à être expulsée, un venin qui avait envahi son cœur en engorgeant toutes ses veines et qui se mélangeait peu à peu à son propre sang.

Rikyu était non seulement son frère jumeau mais aussi son confident. Elle n’avait pas peur de lui faire part de ses inquiétudes, de ses doutes, tout ce qui pouvait la tracasser. D’ailleurs, il était là lorsque Reiko était dépressive depuis que Razner l’avait salement lâchée. La jeune femme vit Kumo se frotter à ses jambes et le prit dans ses bras, ronronnant comme un moteur. Un félin au pelage d’un noir de jais, léger comme un nuage mais très bruyant et bavard. Pourtant compatissant lorsque sa maitresse n’allait pas bien. Reiko continua, ne pouvant pas laisser subsister le moindre doute dans son cœur et la moindre once de tristesse ou de haine. Il fallait qu’elle tire définitivement une croix sur Razner ou elle allait vraiment finir par vivre dans la haine et la peur des hommes.

« Tu penses que « lui faire sa fête » est trop puéril et irrationnel comme solution ? Toi qui es un homme et qui raisonnes comme la gente masculine, réponds à mes questions. »

Spoiler:

*Oh, putain !*

Comment dormir quand on a le soleil dans les yeux ? C’était impossible. Et, vu que je n’avais pas de rideaux, j’étais obligé de me tirer de mon lit. Pas génial comme réveil, surtout quand la veille au soir, on n’a pas vraiment dormi. Vais-je expliquer ce que j’ai fait cette nuit ? Pour résumer, je me suis amusé avec une jeune fille du village voisin. Et elle était étendue là, juste à côté de moi. Je me levais donc et enfilais un débardeur blanc et un pantalon blanc. Ces vêtements contrastaient avec ma peau hâlée. Je m’étirais et observais la jeune fille dormir. Elle s’appelait Kyoko.



Je me léchais les lèvres en repensant à cette soirée fantaisiste que j’avais passée. Je m’assis sur le bord du lit et lui caressais les cheveux, de façon à la réveiller en douceur. J’allais la faire partir discrètement, avant que Reiko ne fasse intrusion… Je n’aimais pas trop que ma chère sœur découvre une demoiselle dans ma chambre… Kyoko ouvrit alors les yeux et me regarda avec des yeux qui exprimaient une sorte de désir. Je lui souris et lui expliquais que je la retrouverai au village dans la soirée mais que, pour l’instant, ce n’était pas le moment de s’amuser car ma sœur était dans le coin. Je lui tendis alors ses habits qu’elle enfila puis elle partit par la fenêtre de ma chambre. Je ne lui jetais pas un regard et me dirigeais vers mon armoire. J’en sortis un pendentif que je gardais précieusement et le passais autour de mon cou. J’attachais la chaîne et ouvris la porte. Je regardais le salon et n’y vis personne. Je tournais alors la tête vers la porte et vis qu’elle était entrouverte. Je posais ma main sur la poignée et ouvris la porte.

Je posais le pied sur la terrasse et la vis alors assise, à même le sol. Elle s’était assise sur ses propres jambes, ce qui me fit sourire. Son visage semblait légèrement mélancolique, comme si elle pensait à quelque chose de douloureux. Elle me dit alors, de sa voix douce et mélodieuse :

-Rikyu, j’aimerais te parler de quelque chose…

Elle me fit signe de m’approcher, ce que je fis. Je m’installais à moitié assis, à moitié debout sur la petite barrière qui bordait la terrasse et je l’écoutais me parler du problème qui la préoccupait.

-Tu vois, il faut que j’en finisse avec Razner… Une amie m’a tout dit et confirme que c’est un vrai coureur de jupons et un menteur, elle aussi s’est laissée abuser par ses paroles comme je l’ai fait avant. Je ne peux pas me permettre de le laisser impuni Rikyu… Je dois agir et vite… Avant qu’il fasse encore souffrir d’autres personnes et que je puisse l’oublier. Penses-tu que la mort peut-être une solution ?

La mort ? L’avais-je contaminée avec ma folie meurtrière ou n’était ce qu’une simple envie calculée et posée concernant ce débris qu’était l’ex de ma sœur ? Je fermais les yeux et soupirais. Que pouvais je répondre à ça ? En effet, en le condamnant ouvertement, je me mettais dans une situation délicate… En effet, je ne valais pas mieux que Razner, si ce n’est que je n’ai jamais tenté de séduire la jeune femme qui a une telle place dans ma vie. Je la laissais parler et évoquer toutes les horreurs morales qu’avait fait cette chose qu’était Razner.

-Tu penses que « lui faire sa fête » est trop puéril et irrationnel comme solution ? Toi qui es un homme et qui raisonnes comme la gente masculine, réponds à mes questions.

J’entendis alors une voix rusée qui provenait des bras de Reiko. C’était Kumo, son chat. « La Hyène », comme je le surnommais. Toujours à rire et à se moquer. Et j’étais sa cible préférée… Il siffla alors, de façon totalement audible.

-Tu parles… Avec le nombre de maîtresses qu’il a eu, c’est pas le mieux placé pour t’aider.
-Kumo, ne parles pas comme ça de Rikyu.

C’était Gohan, mon propre chat. Son pelage blanc légèrement grisé m’attendrissait toujours autant et il s’approcha de Kumo pour le raisonner. Je m’avançais alors à mon tour et posais ma main sur l’épaule de ma jumelle. Je laissais mes yeux se fermer, et je ressentis alors nos chakras qui se mirent à résonner. Ce kinjutsu était puissant mais avait un effet impressionnant sur nous. Je laissais mes pensées naviguer dans l’esprit de Reiko sans problème.

Dans le même temps, mon chakra circulait dans autre chose. Un objet que j’avais suspendu à ma fenêtre… Un fuurin pour être précis. Mon chakra s’harmonisait avec son mouvement et je laissais alors passer mes sentiments à travers le métal et les cordes.

Spoiler:

*Il a été affreux. Mais le tuer ne serait qu’une vengeance bête et méchante. Face à un être aussi abject, il faudra être bien pire. Et je sais que tu ne trouveras pas le repos avant d’en avoir fini avec lui, ma chère sœur… Je ne peux que faire une chose à ce moment là.*

Je me levais et retournais dans ma chambre. J’en sortis un sabre de petite taille que j’apportais sur la terrasse. Je le dégainais et enfonçais la lame dans le sol face à Reiko, me mettant moi-même à genoux. J’entendis alors un petit bruit qui troubla l’harmonie de mon fuurin. Je tournais la tête et vis une silhouette. Kyoko… Elle n’était pas partie et elle allait le regretter. Je fixais alors Reiko dans les yeux et lui fis comprendre qu’on allait devoir se débarasser de l’intruse…

*Montres moi que je ne suis pas le seul à être sujet à la « Hunga »…*

Rikyu lui avait donné sa réponse sans en dire un mot. En effet, après avoir posé sa main sur l’épaule de sa sœur, il joua de quelques cordes et fit résonner un fuurin. La jeune femme sentit le flot de chakra de son frère jumeau traverser son épiderme et tout son corps. Le débit de chakra se synchronisait avec la circulation du chakra de Reiko et sa circulation sanguine et tentait de gagner le cortex de la jeune femme. Comme s’il tentait de communiquer par télépathie avec elle… Les jumeaux pouvaient se comprendre même sans avoir à utiliser la parole. Ils étaient sur la même longueur d’onde et ressentaient les mêmes choses en même temps. Rikyu avait évoqué un jutsu répondant à ces facultés inhabituelles chez les jumeaux. Reiko ne fit plus attention à son environnement pendant quelques minutes et ferma les yeux. Ses sens se focalisaient sur le flot de chakra émanant de son frère circuler en elle. Une chaleur parcourait sa peau lunaire et la voix de son frère résonnait dans sa tête sans que le jeune homme ait eu à bouger les lèvres. Rikyu semblait lui dire que Razner était affreux, que le tuer n’était qu’une vengeance bête et méchante, qu’il fallait être plus qu’impitoyable. Il savait que sa sœur ne pouvait avoir la paix tant qu’elle n’aura pas agi contre son ex. La jeune femme se sentait somnolente et vit Rikyu revenir avec un petit sabre qu’il enfonça dans le sol afin de lui faire passer le message. Reiko sentit cette haine remonter à la surface et son esprit combatif lorsque l’acier transperça le sol d’un bruit distinct. Il ne fallait pas rester les bras croisés et tergiverser. En gros, Rikyu lui dit de passer à l’action, mais comment ?

Un bruit se fit entendre dans le salon. Une jeune femme, au teint hâlé et à la chevelure brune, fit intrusion dans le salon. Rikyu fixa sa sœur dans les yeux, comme s’il savait quelque chose à propos d’elle. En voyant sa tête, Reiko leva un sourcil. Cette fille avait un sourire stupide scotché au visage, une vraie cruche quoi. Tout dans le physique mais rien dans le crâne. Et son rire était horriblement insupportable. Elle devait être le genre tête en l’air et bébête, on dirait qu’elle ne se rendait pas compte qu’elle avait affaire à la sœur de Rikyu. Cette « invitée » vit Rikyu et le regarda comme si elle avait affaire à un morceau de viande en riant comme une gamine. Serait-ce une des conquêtes de son frère ?

*Je le crois pas il a encore ramené une autre cruche…*

« Roh c’est pas vrai t’as encore ramené une greluche Rikyu ? » Ricana Kumo « T’es pas mieux que son con d’ex ! Olala tu vas te faire engueuler par Reiko, j’aimerais pas être à ta place ahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahaha !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!»

*Tu m’enlèves les mots de la bouche Kumo…*

En effet, Kumo avait remarqué la présence de « l’invitée » et avait dit tout haut ce que pensait tout bas sa jeune maîtresse. Au moins il était d’accord avec la jeune femme… Oui Rikyu enchaînait les conquêtes, sa sœur n’étant pas très libertine à la base, mais à se faire engueuler par sa jumelle, c’était à voir… La jeune fille rigola, s’étonnant de voir un chat qui parle. Pendant ces minutes d’inattention, elle prit un petit flacon posé sur une étagère. Elle plongea un senbon dans le liquide et le lança furtivement en direction du bras gauche de la cruche, pardon de la nouvelle conquête de Rikyu. La nunuche s’écroula comme une vache sous somnifères et se toucha l’avant bras en hurlant de douleur. Ses cris étaient les plus aigus que Reiko n’avait jamais entendus et étaient capables de briser une vitre. Kumo rit bruyamment pour couvrir les cris de cette fille, ce qui cassa encore plus les oreilles de la jeune Nekozawa. Reiko s’approcha de la jeune fille au teint miel avec un sourire. Et pas n’importe quel sourire. Un sourire purement sadique et diabolique. Et ses yeux. Ils brillaient de détermination et de combativité, comme si elle était prête à mettre KO le premier venu, et faisaient penser à des yeux de chat. La jeune femme se lissa une mèche de sa chevelure interminable ébène et douce comme de la soie. Parfois, elle se demandait où iraient les goûts de son frère en matière de femmes. Reiko dit d’une voix posée, ce qui contrastait avec l’expression faciale qu’elle avait. Sa voix se fit douce, sérieuse et sévère à la fois. Oui Reiko était aussi contradictoire et versatile que son frère jumeau. Les chats étaient aussi des animaux contradictoires, alors pourquoi pas un clan lié à ces félins ?

« Le poison que je viens de t’injecter est connu sous le nom de la « Limace mortelle ». Ton corps sera aussi amorphe qu’une limace, si tu fais le moindre geste brusque, tu meurs dans les secondes qui suivent. Si tu bouges, tu creuses ta propre tombe. Me suis-je bien fait comprendre ? »

Il ne restait plus qu’à assister au spectacle. Celui de la mort d’une fille absente le jour de la distribution des cerveaux si elle venait à faire un geste brusque pour se dégager de sa lenteur. Ce poison était à la hauteur de la personne à qui on l’inoculait. A force de gesticuler à gauche et à droite sans réfléchir, un triste destin nous attendait. Reiko esquissa un sourire carnassier alors que ce n’était pas dans ses habitudes. Que lui arrivait-il ?

Spoiler:

Elle avait envoyé un senbon à la jeune fille que j’avais ramené. Je n’avais pas bougé, pas esquissé le moindre mouvement montrant que je voulais empêcher Reiko de le faire. Certes, j’étais vexé que Kumo m’ait fait comprendre que je ne valais pas mieux que Razner, mais que faire ? Contrairement à cette ordure, j’avais subi des chocs puissants qui m’avaient plongé dans cet état psychologique de perversion.
Je vis alors Kyoko s’affaisser et j’accourus face à elle, après que Reiko lui ait expliqué le fonctionnement du poison. Je regardais les yeux de la jeune femme et je l’entendis me murmurer un simple : « Sauves moi ». Je lui répliquais alors que je ne connaissais pas du tout les poisons et les antidotes et que le mieux que je pouvais faire, c’était abréger ses souffrances. En articulant ces paroles, mes yeux changèrent légèrement de couleur. Du bleu pâle, ils passèrent à gris métallique. Le peu de sang qui s’écoulait de la chair de Kyoko, ainsi que l’évocation d’une mise à mort avait réveillé une partie de moi qu’il valait mieux ne jamais croiser. Ma langue passa sur mes lèvres et mon regard alterna entre Kyoko, Reiko et l’épée que j’avais plantée dans la terrasse. Je m’avançais vers le sabre que je pris dans mes mains. Je m’avançais alors de Kyoko et penchais mon visage au dessus du sien pour regarder ses yeux gris.

-Adieu, Kyoko.

Je plantais l’épée juste à côté de son oreille gauche, lui coupant une mèche de cheveux. Elle se mit alors à hurler et gesticula, ce qui accéléra le processus d’attaque du poison. Mon sourire dévoila ma dentition et, soudain, je ressentis une sensation de calme en moi. Je commençais à reprendre le contrôle d’une certaine modération de mes actes. Je vis la jeune fille se contracter sous l’effet du poison et je tournais alors la tête vers Reiko :

-Hé ! T’es pas sympa, Reiko ! T’as pas le droit de casser mes jouets !

Les yeux de Kyoko se remplirent alors d’incompréhension. Elle devait certainement se demander comment elle avait pu me faire confiance, et, surtout, elle devait s’interroger sur ma nature. Elle devait me considérer comme un monstre, qui n’a aucune conscience et aucune estime pour la personne humaine. Kumo me dit alors, de sa voix légèrement nasillarde et, surtout, très moqueuse :

-Et qui c’est qui tirait les cheveux de Reiko quand vous étiez gamins, hein ?

Il partit alors d’un rire de hyène qui me donnait mal à la tête. Je jetais un dernier regard à la jeune fille avant d’ajouter, de façon très détachée :

-C’est dommage, elle était plutôt douée au pieu, en plus…

Je me mis alors à poser des questions à Reiko sur le poison qu’elle avait utilisé. En effet, je n’en avais jamais entendu parler lors de mes recherches dans les documents du clan, et j’étais étonné de voir que je n’étais pas le seul à avoir caché des choses au clan… Je replantais alors le sabre dans le sol et décidais de sortir le cadavre, pour le détruire dans la forêt, ce que je fis. En chemin, je repensais à l’action de Reiko et souris fortement.

*Elle est prête. Elle peut tuer de sang-froid, ça ne lui fait presque plus rien… C’est excellent…*

Ma tâche accomplie, je rentrais dans la maison et m’installais sur un fauteuil où je me lançais dans une conversation à voix basse avec Gohan. Je lui parlais de tout et de rien, sachant que c’était la seule personne qui pouvait me permettre d’exorciser mes démons sans avoir peur qu’ils se réveillent en la personne en face de moi.

-Heureusement que je peux compter sur toi, Gohan.

Je caressais la fourrure blanche de mon chat quand j’entendis des grincements à l’extérieur. Le pas était plus lourd et plus bruyant que celui de Reiko. Je me levais alors d’un bond et vis alors Reiko qui ne comprenait pas qui arrivait. Je lui lançais le sabre et me plaçais, de façon à pouvoir attaquer au cas où. La poignée tourna alors et un profil qui ne nous était pas inconnu apparut à la porte. Quand je le vis, je sentis deux rages monter en moi. La mienne et celle de Reiko…

Spoiler:

« Ca faisait longtemps, Rei… »

Ce visage, cette voix nonchalante, elle était familière à Reiko mais dans le sens négatif du terme. Le profil d’un jeune homme svelte se dessina et avança vers l’entrée de la maison. Reiko pouvait le reconnaître rien qu’à sa tignasse châtain foncé avec des mèches qui s’ébattaient de partout et sa barbe de quelques jours. Ce regard aussi sombre que son cœur, elle ne pouvait se tromper sur son identité. Nombreuses étaient les victimes qui avaient péri sous ses mains souillées par leur sang et par un sadisme maladif. Le jeune homme portait sa guitare sur le dos en plus de son sabre. Il avait l’air plutôt négligé, ça devait faire des jours qu’il avait voyagé jusque pour arriver au seuil de la porte des Siamois. Reiko serrait son sabre dans la main, sentant une rage écumer en elle. Cet homme qui l’avait rendue heureuse il y avait un temps était aussi celui qui l’avait fait souffrir. Celui qui avait provoqué en elle un afflux de colère et de haine interminable. L’homme doux et compréhensif était en fait un vil menteur arrogant imbu de sa personne. Sous son apparente douceur se cachait un esprit loin d’être vertueux. Il appréciait la compagnie féminine et n’hésitait pas à élargir son cercle de connaissances, surtout si elles portaient les chromosomes X. Rikyu semblait aussi sur ses gardes et cette rage l’envahissait aussi, Reiko le ressentait, sûrement parce qu’elle était très proche de lui. Le regard de la jeune femme se fit enflammé par cette rage et de la détermination. Son visage impassible traduisait une grande aversion pour le jeune homme qui avait fait intrusion chez elle. Oui elle était déterminée à en finir avec lui.

« Razner… Je me demande bien comment tu as réussi à me trouver… »

*Avec un cerveau comme le sien, c’est surprenant…*

« Je t’ai cherché, au cas où tu voudrais me tuer et j’ai réussi. Je ne pensais pas que tu serais partie de ton village… Puisque je suis là, je vais t’empêcher de me tuer. Tu ne penses pas qu’il serait stupide de m’ôter la vie ?^^ Ce serait une vengeance si futile^^»

« Je ne vois pas de quoi tu parles. »



Reiko et son amie avaient convenu à une rencontre avec Razner pour s’expliquer et lui balancer à la figure toutes les choses immorales qu’il avait pu faire. Revenons à ce qui avait entraîné la rupture entre Reiko et Razner. Le jeune homme habitait à Suna et voyait de moins en moins la Siamoise, Kumo étant assez loin. Les disputes fusaient aussi. Certes Reiko était facilement jalouse mais elle aimait vraiment Razner. Les sujets des conflits étaient : une Juunin de Kiri que Razner fréquentait plus que Reiko, le fait qu’ils se voyaient de moins en moins, les fréquentations féminines du jeune homme qui montaient en flèche… La jeune femme en fit de même en fréquentait davantage des amis de sa connaissance. Certes cela l’avait rendu jaloux mais il ne semblait pas comprendre la gravité de la situation. Comprendre qu’il la négligeait de plus en plus. Ceci avait eu pour conséquence eu une rupture inévitable et douloureuse pour les 2 parties. Ils s’étaient remis ensemble mais cela n’avait pas fait long feu. Reiko mit de longs mois à cicatriser cette blessure indélébile. Son chat Kumo lui servait de confident, ainsi que d’autres amies car la solitude était la pire des compagnies qui pouvait exister. La solitude semblait apprécier Reiko, ce qui n’était pas réciproque. La solitude aimait exploiter chaque faille dans le cœur des hommes pour se coller à eux et devenir un parasite qui absorbait toute sociabilité et goût à la vie. Tout pour en faire de ces hommes au cœur fragilisé par d’autres hommes une coquille vide, sans âme, un pantin. Pendant ce temps, la jeune Nekozawa avait du mal à se réconcilier avec l’amour et les hommes sous cet aspect. Comment faire confiance à nouveau à un homme pour qui on éprouvait des sentiments intenses ? Comment savoir si cet homme était digne de confiance et ne céderait pas à de basses tentations ? Comment ? Tant de questions qui remettaient en cause les hommes et leur crédibilité. D’accord Reiko sortait pour la 1e fois avec quelqu’un mais elle ne pouvait s’empêcher de s’interroger et d’y réfléchir constamment, plus que la normale. Pouvait-elle encore faire confiance à un autre homme que Rikyu ? Déterminée à en finir avec cette ordure de Razner., Reiko mobilisa toute sa force d’esprit et son sang-froid pour cette nouvelle bataille.

« Voilà Raz tu te demandes sûrement le pourquoi de cette rencontre. Reiko et moi on sait tout et on sait que tu es un menteur… »

« Et lâche aussi… »

« Tu as aussi fait preuve de lâcheté en ne donnant plus signe de vie Rei… »

« Je ne réponds pas à ce surnom… Et sache que j’ai du facilement t’oublier …»

« Rei, je sais que tu es aigrie parce que j’aime plus Kimi que toi… Désolé mais je ne pourrai pas retourner vers toi… »

« Tu te crois irrésistible et attirant ? Me fais pas rire, tu fais vraiment pitié à voir… »

« Ca y est vous me traitez de coureur de jupons ? »

« C’est ce que tu es pourtant… Tu t’es pas embêté pour ressortir à toutes les filles que tu as aimées le même baratin pour les jeter un lendemain et en draguer d’autres en feignant une position de faiblesse « ah elle m’a salement plaqué, je pleure toute les larmes de mon corps », je trouve ça vraiment bas comme procédé. »

« Et nous en avons les preuves Raz… »

Les 2 jeunes femmes lui racontèrent tout ce qu’elles avaient pu trouver comme preuves de l’immortalité de Razner. Les mensonges qu’il avait pu raconter, ses ex, les origines des disputes occasionnées… Tout ce qui pouvait détruire la crédibilité du jeune homme était dévoilé. En commençant par cette Juunin de Kiri qu’il voyait plus souvent que Reiko, avec qui il semblait n’avoir aucun secret entre eux. Il en profitait même pour casser du sucre sur le dos de Reiko, et le faisait lorsqu’il tentait de draguer Kimi, amie de la jeune femme et discutait avec ses potes. A cause de lui, elle passait pour une fille au sale caractère, très agressive et aigrie. Tout pour ruiner son image car ayant souffrir mais pas autant qu’elle. Pendant de longs mois, Reiko était plongée dans la solitude et la dépression. Pendant tout ce temps, Razner s’en tirait impunément, sans avoir la moindre once de culpabilité et fricotait. Une réaction typiquement masculine… Rares étaient les hommes à se sentir coupables après avoir commis des actes immoraux et avoir fait souffrir leur partenaire. Razner en faisait partie, même s’il feignait la culpabilité pour qu’on puisse avoir pitié de lui et que ses ex se sentent mal et prennent toute la faute pour elles. C’était une de ses méthodes pour ne pas avoir un poids sur la conscience. Kimi et Reiko serraient les dents et l’attaquaient tant qu’elles pouvaient. Razner narguait la jeune Nekozawa qui riposta sans réserve. Il disait qu’elle avait cherché etc… De quoi l’énerver encore plus. Le jeune homme niait malgré les preuves accablantes contre lui à force de mensonges. Il avait fait souffrir Reiko, Kimi et une autre amie de Reiko en augmentant ses fréquentations féminines en les négligeant et en les délaissant. Razner feignait une image de rejeté de la vie, de martyr, enfin tout ce qui pouvait susciter la compassion envers ce dernier, surtout quand il s’adressait à une fille qui lui plaisait. Tant qu’il était plaint, son plan fonctionnait… Reiko et Kimi étaient même allées voir la Juunin de Kiri en question mais elle n’avait rien voulu entendre. Reiko la détestait d’ailleurs… Et Razner continuait à la défendre et à diaboliser la jeune Nekozawa. Excédée, Reiko s’avança vers lui, leva la main et lui colla une gifle si violente que le bruit de la main frappant la joue de Razner résonnait au loin.

« Kurae (prends ça) !!!!!!!!!! »

« Raz t’étais obligé de la provoquer comme ça ? »

*Salaud je ne te le pardonnerai jamais…*

Mais ce n’était pas fini…



« A te voir, tu n’as pas changé^^ Toujours affublée de ce sale caractère^^ Je me souviendrai de la claque que tu m’as donnée… Aussi faible que toi d’ailleurs. Je me demande vraiment comment tu fais pour avoir une sœur aussi chiante, ce ne serait pas héréditaire par hasard ?» Dit Razner d’une voix condescendante, en s’adressant aux jumeaux.

« On dirait que je n’en ai pas mis assez de claques… »

« De toutes façons dans l’histoire je ne perds rien, c’est difficile de trouver un mec compréhensif comme moi. »

Il continua en fixant cette fois Rikyu.

« N’y vois aucune offense hein^^ Ta sœur a vraiment un sale caractère, elle a encore du mal à comprendre^^ Elle a vraiment cru qu’elle pouvait me ravoir en un claquement de doigts, comme c’est triste… Entre hommes ça devrait se comprendre non ? »

« Tu te crois intéressant ? Tu as vraiment tout fait pour me mettre en colère alors tu en paieras les conséquences ! » S’écria Reiko, en pointant du doigt Razner.

« C’est bien ce que je disais, tu as un foutu caractère qui a fait planter notre relation. Dire que tu as du la supporter pendant plusieurs années… A force tu as du devenir aussi invivable qu’elle je me trompe ? Elle me filait des boules à l’estomac quand je la voyais, impossible à supporter… Ne me dis pas que cette folle t’a entraîné dans toutes ces futilités… Si c’est le cas passe ton chemin le chat de gouttière, c’est un conseil d’ami, crois moi c’est mieux comme ça. Ne te sens pas obligé à l’écouter raconter ses problèmes à la con. »

*Je le hais… La mort serait trop douce pour lui mais je ne peux plus reculer ! Tu m’as énervée, tu en subiras les conséquences, se frotter à Nekozawa Reiko est une erreur bien suicidaire crois moi…*

« Je te le redis, que ça rentre bien dans ta cervelle de poisson rouge, m’énerver est une des erreurs les plus risquées qu’on puisse faire, tu peux toujours parler mais ta propre personne ne vaut absolument rien avec tout ce que tu as pu me faire et aux autres. »

*Il serait temps de gueuler un bon coup non ?*

Kumo montrait les crocs et courbait son dos. Lui aussi était sur les nerfs à cause de Razner. Il s’amusait à provoquer sa jeune maîtresse et son frère jumeau et cherchait à tout prix à les énerver et à commettre de faux pas qui leur seraient fatal. Reiko serrait Yuurei dans ses mains crispées par la colère et ça devait être sûrement le cas de Rikyu qui s’en était bien pris la gueule aussi. Les Siamois et leurs chats se préparaient à sortir leurs griffes et allaient être sans pitié avec cette ordure qu’était Razner même si Kumo et Gohan n’allaient pas prendre part au combat imminent. Oui le combat était inévitable car Razner avait planifié d’empêcher la jeune Nekozawa de mettre fin aux jours de ce dernier et la force faisait sûrement partie de ses moyens pour parvenir à ses fins. Cela voulait dire qu’il pourrait bien tuer la jeune femme et Rikyu alors qu’il n’avait pas fait grand-chose contre cette ordure. Reiko fit signe à Kumo et Gohan de faire un pas en arrière, elle craignait non seulement pour sa propre vie et celle de Rikyu mais aussi leurs chats, fidèles confidents et amis de longue date. Il ne fallait pas qu’elle laisse Razner s’en tirer une nouvelle fois et faire souffrir davantage de personnes, surtout si elles étaient chères à la jeune femme. Reiko s’efforçait de garder son sang-froid mais la rage bouillonnait en elle et ne demandait qu’à sortir dans un déchaînement de folie et de cruauté. Combattre le feu par le feu… Il fallait donc résoudre le problème ainsi… Après tout, même a non-violence n’avait pas raison de ce fumier qui se vantait de ses talents de guitariste. Razner sortit sa guitare et laissa ses doigts se promener le long de ces cordes comme pour jouer une mélodie de guerre. Elle chuchota à son frère.

« Il m’a trop énervée et je ne peux pas en supporter davantage, tu penses à la même chose que moi ? Si c’est le cas, on ne va pas lui faire de cadeau… »

*Je dois être impitoyable… Si la situation stagne, je ne vais pas pouvoir retrouver le repos…*

Spoiler:

-Il m’a trop énervée et je ne peux pas en supporter davantage, tu penses à la même chose que moi ? Si c’est le cas, on ne va pas lui faire de cadeau…

Eviter de s’énerver. Voila la seule phrase qui trottait dans ma tête. Je devais rester le plus lucide possible, et pour une raison très simple. La seule personne à pouvoir calmer la situation, c’était moi. Et par situation, je parle de Reiko en cas de gros pépin. Je fis alors un pas en avant et mis mon bras devant Reiko, comme si je voulais lui faire comprendre de ne pas répondre et de ne pas attaquer immédiatement. Je toisais le pseudo-shinobi qui jouait de la gratte face à moi. Pas glorieux, son sens du rythme. J’allais lui montrer ce que c’était, jouer en rythme, avant de commencer le combat. Et pur ça, j’allais tricher. Jouer sur ses sens, utiliser un genjutsu, qui allait imiter seulement une de mes vrais techniques.

-Razner, je me rends compte que tu n’as jamais rencontré notre famille, à Reiko et à moi… Je pense donc qu’il est temps que tu…

Je claquais des doigts, captant son attention et heurtant son ouïe. Je lui murmurais alors un certain nombre de notes qu’il joua. Il fut alors plongé dans un genjutsu de mon invention. A ses yeux, désormais, je faisais apparaître des fantômes des murs. Je dis alors, de façon très compréhensible :

-Rencontres la famille !

Mon genjutsu lui donnait l’impression de vivre ma technique Tamashii no Takigoe, un des kinjutsus de mon clan. Des fantômes m’entouraient et narguaient Razner. Mon sourire se fit alors féroce et je me lançais alors dans une chorégraphie macabre avec ces illusions. J’étais décidé à l’effrayer du mieux que je le pouvais avant que Reiko ne le finisse avec toute la rage qu’elle contenait en elle. Et puis, utiliser la peur d’un homme contre lui, c’était une bien belle façon de préparer une mort, non ?

Je claquais des doigts et tout disparut. Le visage de Razner laissait imaginer une frayeur et un choc violent. Je souris alors et tournais sur moi-même. Je m’assis alors sur un fauteuil et fermais les yeux. Maintenant que j’avais commencé, Reiko allait en finir. Je laissais mon esprit se calmer, déversant ma colère dans l’esprit de Reiko.

*A toi de jouer ma chère sœur. Dévoile la rage qui sommeille en toi…*

Rikyu avait pris les devants, pour le moment. Le fait qu’il ait posé son bras devant sa sœur jumelle semblait indiquer qu’il voulait préparer le terrain avant que Reiko ne démarre le combat plus qu’imminent. Des fantômes surgissaient des murs, la « famille » des jumeaux. On pouvait même voir leur ancêtre, Kondo Isao, ou plutôt Nekozawa Isao. Rikyu se joignait à leur valse macabre pour rivaliser avec la guitare de Razner. Tous deux voulaient annoncer la mort de l’un d’entre eux. Le ton ou plutôt la note était donné. Le genjutsu de son frère lui rappelait un des kinjutsu du clan, Tamashii no Takigoe, ou Miaulement des Ames. Ce jutsu représentait le contrat qu’Isao avait passé avec Nekomata. Isao obtenait la puissance du démon à 2 queues en échange d’âmes, notamment celle de sa descendance à leur mort. Le prix d’un pouvoir incommensurable était lourd à payer… Reiko ne pouvait croire à l’existence de telles techniques, des techniques qui oppressaient et emprisonnaient le clan Nekozawa. Mais le pire était que le clan lui avait caché de telles choses… Et qu’il faisait des expériences, notamment avec des jumeaux capables de mettre en résonnance leurs âmes. Malheureusement ces jumeaux étaient Reiko et Rikyu. Razner semblait intimidé mais cela était sûrement une façade. En effet, il pouvait parer les genjutsu et n’eut aucun mal à dissiper les fantômes.

*Il m’énerve lui…*

Soudain, Reiko sentit une énergie destructrice l’envahir. Elle fixa son frère, calmement assis et fermant les yeux. Que se passait-il ? La rage et la haine qui subsistaient dans l’esprit de la jeune Nekozawa grandissait de plus en plus et ne demandait qu’à jaillir pour envahir toute la pièce. Tout ce qui comptait c’était que ce fiel soit expulsé. Les idées noires de Reiko s’accroissaient anormalement vite pour ensuite déclencher une décharge de chakra qui surprit l’assemblée. Les yeux de la jumelle Nekozawa brillaient comme ceux d’un chat, d’une lueur inquiétante. Elle sortit Yuurei de son fourreau et trancha au passage des mèches de cheveux de Razner. Le fantôme démoniaque s’était réveillé. Reiko toisa son ex avec mépris et haine, c’était décidé elle ne le pardonnerait jamais. Aucune pitié ou compassion ne restait en elle désormais. Elle était devenue une machine à tuer. Une machine à tuer carburant à la colère. Pourtant son visage n’était pas déformé par la fureur et la rancune. Son visage de porcelaine gardait la même douceur mais cachait une force d’esprit écrasante et impitoyable. La jeune Nekozawa posa doucement un pas en avant et brandit le fantôme démoniaque, à savoir son sabre aussi impitoyable et terrifiant que sa propriétaire. Razner sortit aussi son arme de son fourreau, prêt à croiser le fer avec cette Reiko devenue de plus en plus en proie à la colère qui devint encore plus pesante que l’ambiance. Cela contrastait avec le calme et la sérénité de Rikyu, comme s’il savait déjà l’issue du combat.

*Pourquoi Rikyu est aussi calme ? Peu importe, Razner est face à moi, je n’ai plus qu’à le combattre et l’humilier !*

Le combat pouvait enfin commencer. Plus vite la jeune femme allait y mettre un terme, plus elle sera soulagée. Et de façon efficace. Razner esquissa un sourire qui avait le don de mettre ses nerfs en pelote. Ce sourire, il allait être agrandi en donnant un bon coup de sabre. Une chirurgie faciale sans anesthésie. Un combat chirurgical, voilà ce que cherchait Reiko. Rapide, efficace et précis. Et pas à cause de ses capacités médicales non négligeables. Après tout, cela faisait longtemps qu’elle avait gardé cette haine en elle. Il était urgent de crever l’abcès et de se débarrasser de cet ulcère qu’était son ex. la jeune femme s’avança et tenta de trancher au moins un membre mais son adversaire esquiva et l’entraîna vers la terrasse. Reiko le poursuivit par des pas agiles et souples, comme un chat. Pendant ce temps, Kumo assistait à la scène en évitant d se prendre des coups perdus. Rikyu restait toujours aussi calme et détendu, regardant avec délectation l’altercation entre sa sœur et son ordure d’ex. Il déversait en elle toute sa fureur, accumulée par les provocations de Razner. Certes il avait des raisons de s’énerver mais déverser son surplus de rage pouvait être dangereux pour sa sœur et pourrait y laisser la vie dans le pire des cas car la colère pouvait toujours l’emporter sur la rationalité et la raison. En effet, la colère était à double tranchant : elle procurait une force impressionnante mais pouvait aussi faire en sorte que la personne ne fasse pas preuve de discernement.

« Ta lenteur et ton entêtement causeront ta perte un jour. » Dit-il d‘une voix condescendante.

« Ton arrogance est à la hauteur de ta lâcheté Razner… Tu vas regretter amèrement de m’avoir provoqué et d’avoir causé tous ces ennuis. »

« Ce serait plutôt toi qui aies crée tous ces ennuis dont tu parles… En gros je suis un gros connard et je mérite de m’en prendre plein la gueule c’est ça ? »

« Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre… »

« C’est pas ma faute si t’es aussi aigrie Rei... Si tu n’avais pas piqué ta crise, on n’en serait pas arrivés là… "

« Tu plaisantes ! Et fermer les yeux sur tout ce que tu fais dans mon dos ? Tu me dégoûtes ! Comment une femme peut te faire confiance si tu lui manques autant de respect ? »

" Je vous respectais mais comme vous avez décidé de toutes vous liguer contre moi, ne soyez pas surprises si je mords en retour après… »

Reiko et Razner firent hurler leurs armes en les croisant et en tranchant l’air dans un déferlement de sons métalliques furtifs, résonnant comme une mélodie. Yuurei se mouvait à la manière d’un fantôme, répondant bien à son nom, et obéissait à la combativité de sa propriétaire cruelle. Léger, aérodynamique et effrayant, voilà comment on pouvait qualifier le fantôme démoniaque. La jeune femme maniait ce démon avec précision et aimait l’enduire de poison. Les nuages gris acier annonçaient une pluie imminente, ce qui arrangeait Reiko car Razner maniait le Katon. La jeune Nekozawa aimait la pluie et était plutôt contente de voir des gouttes retomber sur elle et son adversaire, fatigués de croiser le fer sans dominer sur l’autre. Mais Razner assena un coup, manquant de trancher la chevelure de Reiko. Aucune erreur n’était permise. La jeune femme fit un pas en arrière mais se blessa au passage par un autre coup de sabre du jeune homme. Une coupure esquinta son visage de porcelaine. Ca y est, il l’avait encore plus énervée. Reiko appliqua du chakra vert sur sa blessure et échangea à nouveau des coups de sabre avec Razner et parvint à l’immobiliser.

" Kami Senbon no Jutsu. »

La jeune Nekozawa avait utilisé une des techniques de son clan, la Technique des Aiguilles de Cheveux. Des cheveux en nombre infini se firent aussi fins que des aiguilles et transperçaient tout ce qui se trouvait sur leur passage. Razner dut essuyer quelques éraflures et fut immobilisé avant qu’il n’utilise une de ses techniques Kinton. En effet, il était le descendant du 3e Kazekage. Sa technique consistait à entourer son adversaire de poussière métallique et de créer des dégâts internes. Razner entoura les cheveux de son adversaire et créa une rupture de chakra dans la chevelure de la jeune femme. Elle connaissait son style de combat, le champ magnétique rendait l’usage d’armes métalliques risqué… Ce qui eut pour conséquence de laisser son sabre à terre. Yuurei gisait à terre, comme un soldat mort à ce combat qui avait duré une vingtaine de minutes jusqu’à maintenant. Plus les minutes défilaient, plus elles semblaient durer une éternité et irritaient Reiko. Elle passa la main dans sa chevelure ébène afin de la lisser mais Razner en profita pour lui infliger des blessures à partir des grains de sable métallique résiduels sur ses cheveux. La jeune femme manqua de se couper une main mais ses tissus internes souffraient le martyr. Oui Reiko avait remarqué la puissance de Razner et se montrait naturellement prudente mais aussi suicidaire. Suicidaire dans le sens où elle n’était pas assez vigilante… La jeune Nekozawa voulait absolument le combattre en tant qu’égale.

« Alors Reiko on rouille ou quoi ? Tu ne réussiras jamais à me vaincre ! »

« Surveille tes paroles car elles annonceront ta perte ! »

Razner tentait d’emprisonner la jeune femme dans son étreinte métallique en vain, Reiko esquivait tant bien que mal et se posa sur la branche d’un arbre. Mauvaise idée. Son pied était emprisonné dans la limaille de fer, impossible de s’en extirper à moins de subir des dégâts internes. Si Reiko utilisait sa chevelure pour se dégager, ce serait encore plus risqué. Elle se retint d’émettre le moindre cri de douleur afin de ne pas proclamer son ex comme gagnant. D’ailleurs ce n’était pas ce qu’elle voulait… Le sourire narquois du jeune homme ne fit que l’énerver et resserra son étreinte. Il fallait que la jeune Nekozawa se libère immédiatement. Elle fit quelques signes et fit parcourir sa chevelure le long de sa jambe jusqu’à atteindre sa cheville emprisonnée. Plus quelques centimètres…

« Kami Kekkai no Jutsu ! »

Ceci eut pour effet de créer une minuscule barrière et de pouvoir extirper son pied de cette limaille de fer. En même temps la jeune femme descendit de son arbre pour se mettre face à son adversaire. Cette tactique était risquée dans le sens où elle consommerait excessivement du chakra. Reiko n’allait pas relâcher sa garde pour autant et s’entoura de sa chevelure, formant une sphère aussi difficile à pénétrer qu’une forteresse. Mais utiliser ce Kekkai lui fit consommer trop de chakra… Cependant, dès qu’elle abaissa sa défense, Razner y verrait une ouverture. Reiko dissipa son Kekkai et se laissa prendre par surprise afin de créer une feinte. Le relâchement du Kekkai créa une onde de choc qui balaya les 2 combattants. La chevelure encre de la jeune Nekozawa retrouva sa longueur d’origine mais du chakra circulait encore dans chaque fibre capillaire. Quelques bleus et égratignures plus tard, la pluie se fit plus faible. L’eau était essentielle pour réussir une des redoutables techniques du clan Nekozawa, la Danse de la Méduse. Cette technique, Reiko voulait l’utiliser à la fin car Razner n’en savait encore rien et il en allait de sa vie pour le garder dans la confidence. On peut dire que c’était sa botte secrète. Donc secret défense. Puis ses techniques Kinton ne pouvaient avoir le dessus sur des armes organiques. Les deux utilisaient tous leurs atouts pour terrasser l’autre, ce qui n’était pas une mince affaire. Pour l’instant, aucun ne l’emportait sur l’autre.

« Ca ne servira à rien, tu ne gagneras jamais contre moi^^ »

« Va te faire foutre ! Me sous-estimer est une erreur bien fatale crois moi… »

« Le bluff est l’arme des faibles… »

« Tu verras bien pourquoi on dit que je suis silencieuse mais meurtrière… »

Reiko se déporta sur le toit avec l’agilité d’un chat, la chute de Razner prendrait tout son sens. La voûte céleste asphalte était aux premières loges pour contempler ce combat entre 2 êtres qui s’aimaient mais qui souffraient au fond d’eux-mêmes. La colère de la jeune femme subsistait mais pas autant qu’au début de l’affrontement. Razner avait certes gagné une bataille en faisant souffrir Reiko mais pas la guerre et seule la jeune femme avait l’intention d’y mettre un terme définitif. Cependant, Kumo et Gohan assistaient de trop près au combat. Razner utilisa une de ses techniques Kinton afin de faire tomber un arbre sur eux. Reiko tenta de l’arrêter mais elle fut encerclée par le sable métallique de part et d’autre du toit.

*Il faut absolument que je l’immobilise…*

« Kami Shibari no Jutsu ! »

Sa chevelure se fraya un chemin parmi les grains de sable métallique et parvint à s’enrouler autour du cou de Razner. Mais il était trop tard… L’arbre était déjà tombé et on ne pouvait savoir si les chats des jumeaux étaient encore vivants… Reiko baissa la tête, fixant l’arbre qui aurait écrasé les félins. On pouvait lire de la colère et de la tristesse dans le regard de la jeune Nekozawa qui se sentait coupable d’avoir impliqué les chats dans cette affaire et même son frère. Non il ne fallait pas pleurer, comme elle l’avait fait il y a quelques temps car les larmes annonçaient la défaite du cœur…

« Rei tu ne peux mas me battre… Toi et ton frère vous avez déjà perdu les êtres qui comptaient le plus pour vous, après en avoir fini avec toi je me chargerai de lui… »

« Enfoiré tu vas le payer !!!!!!!!!! »

Excédée, Reiko resserra de plus en plus l’étreinte autour du cou de son adversaire. Comment avait-il osé s’en prendre à Kumo et Gohan ? Etait-ce la fin pour ces 2 chats qu’affectionnaient les jumeaux ? Etait-ce la fin pour Nekozawa Reiko ? Sa rage se serait-elle dissipée en même temps que les vies de Kumo et Gohan ? Ou aurait-elle été endormie ? Razner en profita pour l’emprisonner dans son sable métallique comme une araignée le ferait sur une pauvre mouche. Plus d’échappatoire possible. Sa technique, Sasetsu Kyou était destructrice et difficile à parer. Des grains de sable métallique parcouraient les vêtements et même la peau de la jeune femme de façon volatile et fit relâcher l’étreinte autour du cou du jeune homme. Il entoura une jambe et détruisit les tissus musculaires qui le composaient. Razner était certes puissant et cruel mais aussi sadique. Il avait décidé de faire souffrir Reiko jusqu’à son dernier souffle et la regarder mourir à petit feu. La jeune femme réprima un hurlement déchirant de douleur et fixa d’un regard aussi sombre que sa chevelure son ex. Il ria, car lui aussi était plutôt connu pour ses regards noirs. Il la trouvait pathétique et désespérée, croyant qu’elle pouvait le tuer alors qu’elle souffrait mentalement et physiquement. Un spectacle délectable pour Razner et un supplice insupportable pour la jeune Nekozawa. Sa jambe droite la fit s’écrouler, du sang s’écoula le long de cette dernière. Cette blessure devait être soignée au plus vite et nécessitait des semaines de rééducation. La jeune femme avait un genou à terre tellement la douleur était insupportable. Puis l’autre jambe était maintenant amochée. Elle sentait ses ligaments se briser petit à petit… Les joues de Reiko se firent humides et ses yeux se refermèrent.

« Alors on pleure ? C’est signe de la défaite pour toi Rei…^^ »

« Kurage no Mai ! »

Rouge… Blanc… Noir…Des gouttes de sang… Un teint blême puis l’obscurité totale… La pluie venait laver ces couleurs morbides par ses soldats en nombre infini. Des cheveux ondulaient et se faufilaient entre les gouttes d’eau, venant apporter la mort. Mobilisant ses dernières forces, Reiko avait utilisé la Danse de la Méduse afin de stopper Razner, transpercé et brûlé par les mèches de cheveux semblables et aussi urticants que des tentacules de guêpe de mer, une espèce de méduse dont le venin tue en 3 minutes. Ces mèches frôlaient le jeune homme comme une caresse mortelle, douce mais létale. Razner, dans un élan de douleur atroce, lâcha son étreinte et libéra la jeune femme de son sable métallique. Pendant que le jeune homme luttait contre le venin coulant dans ses veines, Reiko utilisa ses dernières ressources en chakra pour soigner les blessures les plus graves. Elle s’assit et fixa le jeune homme, à la mine déconfite par la défaite. Celui qu’elle aimait, qui était doux et amant, était en fait un vil lâche sournois et cruel. Comment Reiko avait pu se laisser abuser par ce déguisement ingénieux ? Razner était si contradictoire comme personne, elle l’avait aimé et maintenant elle le haïssait. Les sentiments pouvaient aussi bien changer que les personnes. Et c’était le cas de Nekozawa Reiko et de Kyuketsuki Razner.

« Je ne le crois pas ! Dire que je me suis fait battre par quelqu’un comme toi… Depuis quand tu as appris cette technique ?»

« Ton arrogance t’a mené vers ta perte Razner, dans l’au-delà tu ne resteras qu’une misérable et faible créature qui sera condamnée pour l’éternité. Pour répondre à ta question, j’ai gardé cette technique secrète pendant tout le combat… C’était ma botte secrète et tu n’as pas su faire face à l’imprévu… Tu pensais m’avoir anéantie mais ton plan était un échec total, tu n’as pas réussi à avoir le dessus sur moi. Pourquoi ? Parce que la différence de force d’esprit est trop grande… Ta force d’esprit, tu t’en sers pour faire souffrir sans états d’âme, manquant totalement de rationalité…»

La pluie torrentielle venait au rendez-vous funèbre afin de laver les 2 combattants de leurs péchés. La colère destructrice qui envahissait à un moment la jeune femme se retrouva dissoute dans l’averse qui tombait sur ses épaules pesantes, à cause de cet affrontement physique et moral. Nul ne savait si Reiko pleurait ou non mais ce qui était sûr c’était qu’elle ne souriait pas. La jeune femme soigna en vitesse ses jambes et redescendit lourdement avant de se fouler la cheville pour retrouver les chats. S’ils n’étaient pas en vie, elle leur préparerait une sépulture digne de ce nom. Après tout, Gohan et Kumo avaient accompagné les jumeaux depuis leur tendre enfance et n’étaient que des nourrissons à cette époque. Razner était allé trop loin décidément…Un bruit se fit entendre…

Mon cœur battait au rythme de celui de Reiko. Mon chakra bouillonnait en même temps que le sien. Nous n’étions maintenant plus qu’un seul être. L’un mouvant, l’autre à réguler les excès à tout moment. Je me concentrais et sentis le rythme cardiaque de Reiko qui ralentissait, revenant à la normale. Mais je sentais que son esprit était troublé. J’ouvris alors les yeux et essayais de comprendre. Je m’avançais alors et vis un arbre renversé, Reiko devant l’arbre et Razner, étendu au sol, un peu plus loin. Je l’entendis alors prononcer une dernière phrase :

-Vos saloperies de compagnons sont morts... Et je sais que vous porterez ce poids toute votre vie...

Je m’avançais vers Razner et ramassais son sabre. Je le fis tournoyer et arrivais au dessus de lui, mon visage sur le sien. J’abattis son sabre dans son crâne, tout en lui disant :

-Ta gueule, sale chien.

Spoiler:

Je lâchais alors un soupir et fonçais vers Reiko. Je la regardais puis fixais l’arbre. Ainsi, Kumo et Gohan avaient été… Non, c’était impossible. Pas eux ! Je tremblais de tout mon corps et tombais sur mes genoux. Je laissais aller mes émotions, regrettant le départ de nos compagnons. Je sentis alors une main sur mon épaule. Reiko cherchait à me consoler. Je repoussais sa main et me nettoyais les yeux. J’entendis alors une voix moqueuse dire :

-Hé, Gohan ! Y a Rikyu qui chiale !

J’arrêtais alors de pleurer et séchais mes larmes. Ils étaient vivants et, en plus, Kumo se foutait de ma tronche. Cependant, j’étais tellement heureux que je me précipitais vers les deux boules de poils et les serrais contre moi. J’étais vraiment heureux de les revoir vivants. Je me tournais alors vers Reiko et vis que son regard était dans le vide.

-Reiko !

Je la vis tomber en arrière. Je la saisis et la soulevais. Je la raccompagnais dans sa chambre et restais à son chevet.

*Reiko, remets toi vite…*

*Hein mais où suis-je?*

Le néant total. L'obscurité dominait dans cette dimension et dévorait Reiko de sa bouche béante. Elle était en chute libre dans ce gouffre sans fond. Ses hurlments furent étouffés par les ténèbres, ce qui fit qu'aucun son ne sortit de sa bouche. Pendant un moment, sa chute ralentit. Soudain, Reiiko se fit happer. On aurait dit un ange déchu avec les pans blancs de son kimono, sa chevelure sombre contrastant avec son vêtement et fusionnant avec les rénèbres environnantes. Ensuite, encore le néant. Cette fois, elle atterrit sur un champ de bataille, au ciel mauve menaçant, assorti au rouge dans du sol et des cadavres qui l'entouraient. La jeune Nekozawa se fraya un chemin parmi ces macchabées, ne sachant où aller et quoi faire, tant qu'elle s'éloignait de ce mouroir à ciel ouvert. Son pied heurta un objet ferme et poilu de surcroît. Non... Kumo et Gohan gisaient à ses pieds, leur fourrure soyeuse souillée par le sang et la violence qu'on leur avait infligée. Leurs corps sans vie firent monter les larmes aux yeux de la maîtresse de Kumo. S'ils n'étaient plus de ce monde, qu'était devenu Rikyu? Son frère jumeau, une des rares personnes en qui elle avait confiance depuis qu'elle avait quitté la résidence Nekozawa. Son frère jumeau qui ne l'avait jamais abandonnée... Le monde était-il décidé à la punir en lui ravissant les êtres qui lui étaient les plus chers? Etait-ce une punition à son égoïsme et à ses futilités? Plus rien ne pouvait arrêter les larmes de la jeune femme, se mêlant au sang de ses compagnons perdus à jamais. C'était bien ce qu'elle craiginait... Le cadavre de son frère était étendu au loin, sa chevelure gris-bleu teinte de pourpre à présent. Il était étranglé par une de ses cordes métalliques... Désemparée et impuissance, Reiko tomba genoux à terre et continua de déverser ses larmes, ce qui était tout ce qu'elle pouvait faire dans la situation actuelle. Ce n'était pas fini...En regardant ses mains tordues de douleur, un spectacle effrayant s'offrit à elle. Ses mains furent maculées du sang de ses compagnons, ainsi que ses vêtements comme si elle était la meurtrière. En effet, elle pouvait se voir mener son frère et les 2 chats vers une mort imminente de ses propres mains. Comment était-ce possible? Reiko était bien incapable de commettre un tel acte! Une voix familière vint la tirer de ses tourments, une voix qu'elle ne voulait absolument pas entendre à cause de ce qu'avait fait cette personne...

"Rei..."

"Razner? Mais qu'est-ce que tu fais là?"

"Tu es contente de toi?" Souriant, le jeune homme fit grincer sa voix comme une mélodie funèbre, un rire cynique.

"Comment..."

"Tu as été vraiment faible Rei... Vraiment pathétique... Et ton frère ne sera même plus là pour te sauver!"

"Mêle-toi de ce qui te regarde!"

Désespérée, Reiko ne savait plus quoi faire. La disparition de ses compagnons et l'apparition de cet être abject qu'était Razner... Impossible de fuir cette implacable et dure réalité... Fuir, c'était se rabaisser au niveau de Razner... Les larmes annonçaient la défaite et la faiblesse du coeur... Ces principes n'étaient pas encore bien ancrés dans l'esprit de Reiko car noyée par ses larmes de tristesse, d'incompréhension et de colère vis-à-vis de Razner. Alors que son frère et les chats n'étaient plus là, lui était toujours là, aussi dur à exterminer qu'un cafard. D'ailleurs, c'était ce qu'il était, un cafard qui méritait d'être écrasé et d'être classé comme rebut de la faune. Mais était-ce aussi le statut de Reiko Nekozawa, qui s'était vue tuer de ses propres mains Rikyu, Kumo et Gohan? S'était-elle alors placée au même rang que son ordure d'ex? Sa présence était sûrement dans le but de confirmer à quel point Reiko était tombée aussi bas. Elle ne fit même pas attention aux coups que lui portait le jeune homme. La douleur n'était plus sa prorité... Elle ne se souciait plus de ses douleurs corporelles mais davantage de celles du coeur et de son égo. Les hématomes, les éraflures, les bosses, tout cela importait peu et ça n'allait pas la réveiller de sitôt. Pendant un instant, Reiko n'était qu'une enveloppe vide, un zombie... Le sang, les larmes et les vices se mêlèrent aux infinies gouttes de la pluie torrentielle qui tombait sur ces êtres déchirés. Un spectacle bien tragique... Sous les rires tonitruants de Razner, Reiko n'en pouvait plus... Rouge, gris, noir... Les seules couleurs que pouvait distinguer la jeune Nekozawa...

"Aaahhhh!!!"

Un cri. Une lumière blanche, éblouissante. Etait-ce la fin du cauchemar? Reiko sursauta dans son lit, couverte de blessures et d'hématomes, le front perlé de sueurs aussi froides que la pluie qui tombait. Comme dans ce mauvais rêve... Pourtant tout avait l'air si réel... Maintenant, c'était terminé, Razner était déjà parmi les défunts, sûrement en train de subir son châtiment pour tous les péchés qu'il avait pu commettre. En parlant de péchés, la jeune femme en avait commis elle aussi. Homicide, fuite... Elle se devait de les expier pour son bien et son frère, ainsi que les chats. La jeune Nekozawa avait la tête lourde, comme si elle émergeait d'une soirée arrosée, ce uqi était signe qu'elle commençait à recouvrer ses esprits. Le combat contre Razner l'avait plongée dans une folie meurtrière et bien plus... Elle s'était métamorphosée en une véritable machine à tuer, grâce à la colère que Rikyu déversait en elle, comme un carburant. L'impitoyable et dangereuse Reiko était redevenue la douce et sereine jeune femme qu'elle était. A présent, elle était alitée, souffrant encore au niveau des jambes, broyées par les techniques Kinton de son ex. La douleur la fit grimacer mais la fatigue l'empêcha de bouger normalement. D'ailleurs le réveil brutal lui infligea des crampes non moins aussi douloureuses que ce qu'elle venait de vivre. Reiko constata les bandages maladroitement noués autour de ses blessures et les traces de gel antibiotique résiduelles. Ses vêtements souillés de sang avaient été troqués contre un kimono lunaire, comme dans son rêve. Serait-ce? Le dernier instant dont elle se souvint, c'était les chats sains et saufs dans les bras de Rikyu puis le néant... Elle s'était évanouie, ayant consommé trop de chakra pour cet affrontement enfin terminé. Son frère l'aurait donc soignée... Certes il n'était pas aussi compétent que sa soeur jumelle mais l'intention et le geste étaient là. Reiko sourit doucement et posa sa tête lourde et comateuse sur son oreiller, il fallait reprendre des forces, que ce soit physiquement ou mentalement. La porte de sa chambre coulissa pour laisser entrer...

"Miaaw Reiko! Tu es enfin réveillée, c'est génial!"

"Kumo voyons on n'hurle pas devant un blessé... C'est un soulagement que tu sois encore en vie Reiko, on était très inquiets." Dit Gohan, plus calme tu meurs.

"Je suis soulagée de vous voir sains et saufs..." Répondit la jeune Nekozawa, d'une voix fébrile. "Et Rikyu?"

"Tu devrais davantage de soucier de ta santé en priorité, tu as été salement amochée par ce Razner, alors repose-toi et ne t'inquiète pas. Tu as sans doute remarqué ces bandages, Rikyu a du mettre au moins une heure à les faire, il veillait sur toi comme tu as toujours veillé sur nous." Répliqua le chat couleur neige en posant une patte avant sur la main droite de Reiko.

Kumo sauta sur le lit, sous les râlements de Gohan, pour se frotter à sa maîtresse couverte de bandages et presque endormie. Le chat couleur ébène ronronna afin de la rassurer. Heureusement les chats n'avaient aucune égratignure. Mais Rikyu devait être sûrement épuisé à déverser sa rage en sa soeur jumelle afin qu'elle tue son ex... Son état devait être préoccupant... La jeune femme se sentit rassurée par les ronronnements des deux félins qui se chamaillaient.

*Elle s’est réveillée… Quel soulagement…*

J’étais assis sur le toit de notre maison, une bouteille de saké à la main. Elle n’avait pas une grande contenance, ça allait donc éviter que je m’occupe de Reiko avec la gueule de bois ou en étant bourré. Je bus une gorgée de saké quand je vis une boule de poils blanche bondir et me rejoindre sur le toit. Je me mis à caresser Gohan et soupirais…



J’avais rattrapé Reiko et l’avais amenée à l’intérieur de la maison. Je l’avais allongée et j’avais commencé à éponger le sang qui coulait. J’avais créé un Kami Bunshin qui avait changé les vêtements de Reiko. Je m’étais alors assis à genoux à côté d’elle et j’avais commencé à lui humidifier le front. En effet, elle était sujette à des tremblements et je sentais la fièvre augmenter. Elle devait certainement être frappée par les effets secondaires de la saloperie de Razner.

*Tiens bon, Onee-chan… Lutte…*

Pendant des heures et des heures, j’attendais que la fièvre tombe. Je l’entendais dire des mots qui devaient certainement provenir des délires dus à la fièvre. Au bout d’un moment, la fièvre tomba et je soupirais. Je dis alors à Kumo et Gohan de la surveiller, j’avais besoin de prendre l’air. Je me dirigeais alors vers le corps de Razner et ramassais les affaires dont il n’aurait plus le loisir de profiter : un bandeau frontal de Suna cassé, un Black Book, des provisions… Je pris également son sabre et les cordes de sa guitare. Je montais ensuite sur le toit de la maison et ouvris une des bouteilles de saké que Razner avait emporté avec lui.

*Je lève mon verre pour les cris que tu vas pousser en enfer !*



-Elle va bien ?
-Oui, mais ça n’a pas l’air d’être ton principal souci… Qu’est ce qui se passe, Rikyu ?

J’ouvris le Black Book et montrais une double page à Gohan. Je pris une autre gorgée de saké et levais les yeux au ciel. Après tout, il n’avait peut-être pas fait ça QUE pour sa sécurité… Il voulait nos primes… Et Suna n’avait rien à voir avec ça. Tant mieux…

-Il est mort, ce n’est plus ton souci.
-Et qu’est ce qui se passera si d’autres viennent et tentent de récupérer la prime ? Après tout, si Razner nous a retrouvés, il n’y a pas de raisons que d’autres ne fassent pas de même…

La seule réponse de Gohan fut un ronronnement. Je poursuivais mes caresses et soupirais. Je me levais ensuite et dis à Gohan de me suivre. On descendit dans la chambre de Reiko et je m’assis face à elle.

-Content que tu ailles bien, Onee-chan…

Je serrais Reiko dans mes bras pendant quelques secondes puis m’étendis sur le sol et m’endormis, d’un sommeil réparateur et tout ce qu’il y a de plus heureux. Ma famille allait bien et j’avais contribué à la réussite de tout ça…

« Merci Rikyu… »

*Tu as mérité de te reposer frérot… *

Rikyu s’était écroulé de fatigue après avoir enlacé la jeune femme, ayant recouvert ses esprits, enfin pour l’instant. Lui aussi était épuisé par le combat contre Razner, après tout il lui avait communiqué sa rage et tout ce qui s’ensuivait… Il avait tant fait pour elle durant leur existence… Comment pourrait-elle remercier son frère de son attention ? Son sourire en disait long, il avait l’air d’un chaton, à dormir paisiblement. Un spectacle attendrissant s’offrit à Reiko. Rien ne pouvait troubler son repos bien mérité à présent… Sa sœur jumelle voulut le transporter sur le divan situé à côté de son lit mais ses réserves de chakra et d’énergie étaient vides, se cloner lui demanderait un effort conséquent… Pourtant elle voulut le faire mais Kumo la stoppa en posant sa tête sur sa poitrine dotée de courbes affriolantes. Le félin de couleur jais ronronna de bonheur, sous les blâmes de Gohan, son homologue neige, qui le traitait de pervers. Reiko poussa la tête de Kumo pour s’asseoir en tailleur et caresser la tête du chat de son jumeau. Le chat noir poussa sa tête contre la jeune femme pendant que Gohan remercia la maîtresse de son homologue encore plus noir que le café. Kumo persistait à poser sa tête là où il ne le fallait pas. Un vrai petit pervers… Opportuniste et obsédé, le petit félin noir aimait embêter sa maîtresse en la matant ou en la pelotant. Et il se faisait toujours réprimander par des claques sur la tête ou une pantoufle lancée à la figure. Reiko repoussa d’un geste de la main le petit malpoli qui se fit mordiller par Gohan en le réprimant. Le chat de Rikyu ronronna avant de répliquer :

« Merci Reiko. »

« De rien^^ C'est plutôt moi qui devrais te remercier de veiller sur mon frère comme je le fais^^ » Répondit la jeune Nekozawa, d’une voix fatiguée.

« Il faut bien une conscience pour cette tête brûlée. »

« Ahahahahaha tu te prends pour Jiminy Cricket? » Ricana Kumo, avec un rire insupportable.

« Contrairement à Jiminy, j’ai des griffes. »

« Ahahahahaha je n’oserais jamais te provoquer voyons Gohan^^ Nous connaissons déjà le vainqueur de cette joute miaw^^ » Répondit le félin noir, en posant sa tête là où il ne le fallait pas.

*Ce chat commence à me les…*

« Reiko, il faut que je te montre quelque chose... »

Gohan descendit du lit et rapporta un petit livre qu’il ouvrit, posé sur le lit. La jeune femme repoussa Kumo de la main droite et se pencha sur la trouvaille du chat neige. Il s’agissait du Black Book mais ce n’était pas ce qui surprenait le plus Reiko. En effet, en regardant attentivement, on pouvait voir que les têtes des jumeaux Nekozawa étaient mises à prix. Les regards sur les photographies la scrutaient de manière effrayante. La jeune femme referma brusquement le petit livre comme s’il était maudit. Et il était vraiment maudit… La migraine survint quelques secondes après… Reiko s’attendait à ce qu’on la traque elle et son frère, étant donné qu’ils avaient déserté leur village, mais pas à ce point là… Si Razner les pourchassait, cela voulait dire que d’autres étaient à leur poursuite aussi… Cela sentait le sapin à plein nez : après avoir tué Razner, les jumeaux avaient signé leur arrêt de mort, quoi qu’ils l’aient déjà fait auparavant, mais l’odeur de sapin se fit plus prononcée depuis que Reiko vit sa tête et celle de Rikyu dans le Black Book. Autant dire que le réveil était plutôt rude… La jeune Nekozawa s’était toujours attendue au pire mais son état de santé laissait à désirer pour le moment. Le combat contre Razner l’avait affaiblie physiquement et moralement, pourtant elle ne pouvait s’empêcher d’être soulagée, d’avoir exorcisé son démon. Mais la priorité était de protéger leurs vies, dont celle de son frère et celles des chats. Reiko ne cacha pas sa surprise en tout cas…

« Quoi ? Il ne voulait pas s’en prendre qu’à moi ? »

« Non, il voulait profiter de sa vengeance pour toucher de l’argent… Il vous aurait tué tous les deux. Mais le pire, c’est que vous êtes en danger désormais…»

*Razner, toujours aussi opportuniste à ce que je vois…*

« Je suppose que d’autres personnes sont à notre recherche… Nous devrons rester sur nos gardes et éliminer nos poursuivants si nous ne pouvons faire autrement. »

La jeune femme se leva, bousculant Kumo au passage qui éclata en sanglots parce qu’on l’ignorait. Mais lui ignorait la gravité de la situation… Sa vie et celle de Gohan, des jumeaux étaient en péril après tout…

« Il est indispensable d'augmenter notre espérance de vie en restant les plus discrets possibles, chaque seconde compte... » Répliqua la jeune Nekozawa, en empoignant son sabre.

« Reiko, recouche-toi ! »

La jeune femme tituba et retomba lourdement sur son lit.

« Kumo et moi, on va s’occuper de tout. Pour le moment, repose-toi… »

« Mais… »

« Pas de mais… »

C’étaient les derniers mots que Reiko put entendre avant de s’évanouir. Pour la première fois, Kumo afficha un air sérieux. Le stupide chat qu’il était d’habitude laissa place au chat aussi posé et mature que Gohan, qui posa sa patte sur la main tremblotante de Reiko.

« Gohan, que proposes-tu de faire ? Je suis inquiet pour Reiko et Rikyu… »

« Pour commencer, il va falloir monter la garde et surveiller ces deux là… Par leur sang, ils se doivent de nous protéger… Alors, pour une fois, rendons-leur la pareille... »

« Miaaaw tu as raison Gohan! Nous devons protéger les jumeaux coûte que coûte! » Répondit Kumo, avec son air niais et stupide restitué. « Alors tu as un plan d’attaque ? »

« D’attaque non… Mais de défense, oui. »

« Miaaaw dis-moi tout ce qu’il faut faire^^ »